vendredi 30 novembre 2007

Plaquette

Avant de rentrer en Amphi, j'aimerai présenter la couverture de la plaquette de l'IPES en 1988, lorsque j'y suis rentré.
Je publierai l'intégralité plus tard.



Tout le reste très bientôt!

dimanche 25 novembre 2007

Lourd

Sous forme de parenthèse, je posterai dans ce blog au fil des souvenirs qui me reviennent à ce sujet là, les mots privilégiés de l’IPES. On peut s’apercevoir que dans tout milieux, il y a un vocabulaire propre à ce milieu et à ce qu’il véhicule. Donc, a fortiori, à l’IPES, on peut retrouver un lot de mots clé qui sont repris, par tout le monde, tout les jours, durant les conversations qui opposent chaque ipésien. Et quand je dit oppose, je pèse mes mots.

Donc lourd...

« T’es lourd » ou « c’est lourd » sont deux qualificatifs négatifs (vous vous en doutez;) souvent attribués aux événements, ou individus qui sont tels que cela. Tout le monde sait ce qu’est quelqu’un de lourd. Mais à l’IPES, on peut y associer quelques qualificatifs supplémentaires. Par exemple, quelqu’un qui va contredire la parole de Chemli, sera « lourd » si il insiste, et trouve des arguments qui valident sa thèse.

Donc le « t’es lourd » est une insulte intermédiaire pour montrer à l’autre que l’on est pas d’accord. Et qu’il se trompe. Le tout avec un coté soit méprisant, soit futile et léger de la petite insulte qui relève plus du clin d’œil que de la véritable insulte. Assimilable au « t’es con », ou au « t’es bêêête », si souvent entendu dans la bouche des nanas que j’ai pu rencontrer.

Donc voici ce premier mot récurrent, entendu et répété, durant ces presque 5 ans.

Bientôt, un prochain mot. Dès que je m’en rappel...

mardi 6 novembre 2007

Et voici comment nous allons travailler...

Pas vraiment comme les modèles imposés. Dois-je avouer. Mais je laisse la parole à GeorgesP.

"Tout d'abord on part du principe qu'il faut avoir envie d'apprendre pour apprendre. Et avant de vous apprendre, on va vous donner envie..."

Quelques sourires.

"Sans rire les enfants, C'est dans cette dynamique que s'inscrit cette école. Cet institut, ou l'IPES plutôt. Ici, comme vous avez pu le remarquer, il n'y a pas que l'école qui soit mise en avant. Vous avez aussi le Théâtre. Et du théâtre partent tous les autres arts. C’est une activité centrale dans l’école. Mais on en parlera plus tard du théâtre. Donc, pour l’instant, le théâtre, pour l’art et les autre activités qui vous sont proposées ici. Comme par exemple la peinture, la sculpture pour les décors, la danse, le jeu de scène, la photographie, tous sont représentés."

"Et le cinéma? ...", dit un des élèves du fond de la classe. Rires discrets dans la classe.

GeorgeP reprend comme pour répondre à une attaque mais en conservant un tel calme qu'il se ressent dans son ton.

"Non, mais oui en quelques sorte puisque AlexandreDLH vous donnera des cours d'audiovisuel et de techniques cinématographiques. Son matériel sert à filmer les représentations des pièces que l'on joue dans l'Amphi. Donc, le cinéma aussi en quelque sorte! N'est ce pas?" Adressant ce "N'est-ce pas?" à l'élève qui a posé la question. Il ne répond pas.

"Donc pourquoi je vous dis tout ça? Car cela définit le cadre dans lequel vous allez travailler. Ici, nous allons vous permettre de réussir vos études tout en associant une pratique artistique, ou sportive – Vous avez vous le parc, le terrain de foot- ; avoir une activité, en plus de vos cours ou vous allez trouver un certain épanouissement. Et de cela, vous verrez, même pour les plus réfractaires à l'apprentissage, leur appétit changera. C'est ce que je me tue à vous dire. Ici, c'est différent. On est pas là pour vous faire chier, mais pour vous apporter de quoi mieux vous chercher, et peut être vous trouver"

Discours qui est souvent revenu.

"Je vais vous expliquer comment fonctionne la repartition des élèves par classe, et ce que veulent dire les deux initiales RAR et ELS. Les premier c'est Recyclage, Assistance, et Rattrapage. Autrement dit la classe des élèves qui apprennent un tout petit peu plus lentement, qui sont un tout petit peu plus dissipé."

Bien qu'à l'IPES, il n'y a jamais eu de problème de discipline, autant que je me souvienne. Les RAR, c'était les glandeurs en fait. A l'image des classe A pour les meilleurs, B, les un peu moins bons, C pour les gros fainéants, etc.

"Et il y a les ELS. Economie, Lettre et Science. La classe qui avance le plus vite, et qui va plus loin que le programme. Le but, c'est que tout le monde soit en ELS. Car il est possible de changer de classe. Au besoin, un ELS peu aller en RAR pour revenir au niveau et parfaire certains détails qu'il aurait négligés. Pour ensuite revenir en ELS. Pareillement, un RAR peut travailler suffisamment pour finalement aller en ELS car il s'est mis au nouveau et veut avancer vite."


La réalité est toute autre. Effectivement les ELS c'est les bons, et par bons il faut entendre les moins mauvais, et les RAR c'est ceux qui sont vus comme ceux qui ont un tout petit peu plus de mal. Mais le niveau de l'enseignement à l'IPES est tel que un bon ELS était un élève moyen dans le public. Alors que le discours qui est tenu est différent. Mais bon, il me semble que plusieurs s'en sont sortis grâce à l'IPES avant que cela ne parte n vrac. Certaines personnes ont été sauvées. Mais combien d'autres noyées? 10 fois, 100 fois, ... ?

"Donc vous comprenez le fonctionnement, il y a des classes qu'il ne faut pas appeler de niveau, car ce n'est pas le principe, mais plutôt de rythme. Les choses seront faites de manières adaptées selon les deux sections. Selon le rythme d'apprentissage de chacun. Vos professeurs, et vos cours vous seront dédiés. Il n'est pas question de se conformer du début à la fin au programme, avec pour seul objectif de le boucler. Car à force d'être obsédé par le programme, on oublie de poser la question aux élèves: "Vous avez compris? ... " Et bien souvent non. Je vais parler autant pour moi que pour les autres profs: le principal objectif, c'est que vous compreniez ce qu'on vous apprend. Que vous le compreniez, et ce, au pied de la lettre! Comprendre c'est prendre avec soi. Vous allez prendre avec vous ce qu'on va vous apprendre ici. Vous allez l'intégrer, parce que vous en aurez eu envie. On ne va rien vous faire "ingérer", comme on peut le faire dans d'autres endroits bien classiques.... Vous voyez ce que je veux dire..."

Affirmation pour sous entendre que ce qu'on fait à l'éducation nationale c'est de la merde, et qu'ici on va t'apprendre à apprendre et à aimer ça. Et si quelqu'un avait clairement dit ça, ou posé la une question dans ce sens, il y aurait eu tout un tas de justifications du type "Ici, c'est pour ceux qui ne veulent pas rentrer dans le moule. Ceux qui sont différents et qui se le font reprocher. Ceux qui n'arrivent pas à se plier à une éducation (et encore) trop rigide et qui ne met pas en avant l'individu..." Etc. J'en passe et des meilleures. En un sens c'est pas faux. Il y a là tout ceux qui ont un peu de mal soit à l'école soit à un niveau plus profond (social, intellectuel) parce qu'il fallait voir le brochette d'élèves. En fait tous avaient au moins un petit problème dans la vie qui les a mené ici, à l'IPES. Mais en fait c'est la vérité pour tout le monde, donc, dans l'absolu, il n'y a pas grande différence. Mais être à l'IPES, c'était forcément qu'il y avait un truc. De la baston avec des profs, au jemenfoutisme total en cours, en passant par les rêveurs et les habitants de la lune, jusqu'au mec qui n'a pas 18 et que ses parents veulent au top. Le seul truc que ce mec ait appris dans sa scolarité, c'est de dire à ses parents d'aller se faire foutre. Car tel savoir était aussi enseigné dans cette école. Ecole?

Pour l’info, le narrateur est resté en ELS de la quatrième à la terminale. Comme quoi, c’est vraiment de la merde ces classifications… Mais je parlerai de moi plus tard, car c’est pas très intéressant. En tout cas, dans cette totale nouveauté, j’écoute et je suis assez surpris de ce contexte. Ma surprise s’est transformée en sentiment de satisfaction de par le type d’école dans laquelle je suis passé. Puis ce contentement général en d’autres choses…

Et maintenant, comment on va travailler.

« Donc, maintenant, passons à la manière de faire, pour les cours. Vous aurez deux types de cours. Les premiers sont des cours plus théoriques, ou vous apprenez ou révisez les chapitres qui sont à votre programme. L’objectif du professeur est de vous faire comprendre de quoi il s’agit, d’interagir avec vous pour alimenter le contenu du cours. Et donc, son objectif au prof c’est de vous faire comprendre ce que vous devez savoir. Certainement pas de boucler son programme et de boucler un nombre prédétermine de page à chaque heure de cours, qui commence et fini à la SONNERIE… Vous voyez ce que je veux dire. On est là pour vous donner envie de savoir. On est pas là pour commencer un cours quand « ça sonne », on est pour vous apprendre plein de choses. Vous verrez qu’il est plus important pour un prof que tout le monde est compris que de finir exactement à l’heure son cours. »

Les cercles des poètes disparus qui est sorti deux ans après que je ne sois rentré dans cet établissement, a doucement fait ricaner beaucoup de monde. Comme si c’était exceptionnel que certains élèves se lient à un prof, suivent son enseignement, se lèvent en cours, applaudissent le prof… Pour tout le monde, c’était genre, « Hé, les mecs, nous c’est tout les jours que ça se passe. » Et c’est pas faux. Mais un peu quand même. Du moins, sans la même spontanéité et la même innocence.

GeorgesP reprend.
« Je vais vous parler de la seconde manière dont vont se passer les cours. Vous allez avoir, avec soit d’autres profs, soit avec celui qui vous aura fait le cours, des sessions d’apprentissage qui ressemblent assez au Travaux dirigés en fac. On a appelé ça la « Recherche ». Autrement dit, en partant de documents qui traitent de ce que vous avez pu voir en cours (Magistral ?), c’est vous qui allez travailler et mener un travail de recherche, selon un problématique qui sera posée par votre prof. Autrement dit, vous fournirez un véritable travail de recherche, avec votre professeur. Des questions ? »

Quelques questions d’élèves sur les profs qu’ils auront, les emplois du temps, et autres conneries essentielles au bon déroulement des cours dans une école. Des questions à la con pendant un quart d’heure. Un brouhaha naissant, quand, un élève, habillé entièrement en noir, les cheveux gominés plaqués en arrière, frappe et rentre dans classe, pour intervenir en s’excusant auprès de GeorgesP, lui glissant un mot, GeorgesP acquiesçant, l’élève nous fait face et s’adresse à nous, l’air surexcité et un sourire jusqu’aux oreilles, nous disant qu’IL est là, et qu’IL va nous faire une présentation en Amphi. Un cours d’autres ont pu dire en se levant.

Donc Chemli va nous parler dans l’Amphi.

samedi 3 novembre 2007

Comment est né l'IPES

GeorgesP reprend et part dans une histoire de quelques amis de fac, qui sortant dégoûtés de leurs études ont envie de changer les choses et de proposer leur méthode d'enseignement.

"Donc au début, on est une demie douzaine. Il y a FayC, le premier à l'origine de l'idée, le moteur de cette aventure, il y a ChristopheB, qui lui s'occupe des lettres et de l'histoire, il y a BriceN, pour l'économie, AlexandreDLH qui lui vient de l'audiovisuel, et moi pour les maths. Bien que je peux enseigner chacune des autres matières jusqu'à la terminale, moi j'ai pris les maths parce que personne voulait le faire.."

Quelques rires et gloussements épars.

"Il y a aussi SandraW, qui elle nous aide dans l'administration de l'école. L'institut en fait. D'autres nous ont rejoins dans cette aventure. Vous avez MmeG pour l'Anglais" Et quelques autres que j'oublie.

(sa fille est dans l'école et finira mariée à un des profs pour pouvoir bénéficier d'une émancipation précoce... Autre histoire un peu plus loin.)


"On s'est donc tous retrouvé pour construire une nouvelle école, où l'enseignement n'aurait pas cette connotation si "saignante" "

(GeorgesP joue sur le jeu de mot et ça prend pas mal. Sans rire, je m'en souviens encore clairement aujourd'hui. On a quelques rires par ci par là. Les élèves, non les ipésiens sont bien contents de ne pas avoir l'impression de retourner dans une école comme une de celle de laquelle ils sortent, pour arriver ici, à Avernes)

"En fait ce qu'on a véritablement voulu faire, c'est ça!" GeorgesP montre tout autour de lui avec de grands gestes doux, le regard se perdant au loin. "C'est ça que nous voulions faire, et nous y voila aujourd'hui" toujours en embrassant la pièce, nous tous, l'école, le parc, le village....

"En fait comme je vos le disais juste avant, bien que cela vous ait fait rire, ce n'est pas loin de la vérité, puisqu'on a commencé avec trois élèves. Puis nous avons mis les choses en places, nous avons recruté des profs, qui somme vous avez pu le voir, ne ressemblent pas trop à des profs"

(Alors là vrai. Les profs: tous plus ou moins proches du style: habits noirs, santiag (et si!), chemise ample, deux voir trois boutons ouverts, les cheveux si ce n'est gominés en arrière, c'est mi long, tombant, pour mieux donner l'air de penser... On les reconnaissait les profs. On pouvait confondre des élèves tous justes sortis de l'IPES, mais restant y travailler avec certains profs, étant donné l'âge avancé des premiers, pour être des lycéens, et la jeunesse des seconds, fraîchement sortis de math spé. Donc oui, les profs ne ressemblent pas à des profs.)


"C'est petit à petit que l'école s'est construite. Peu à peu on est arrivé à ce qui est aujourd'hui: une équipe d'une vingtaine de profs, autant d'entrepreneurs stratèges, et quelques stagiaires parmi les élèves".

"Maintenant que je vous ai un peu présenté l'école, je vais vous présenter comment nous allons apprendre ici. Comment on va étudier les différentes matières qui nous sont imposées par l'éducation nationales. Et vous allez voir que la méthode est différente".

Et la méthode fut différente. Très.